L’humanité à commencé
à faire du vin avant même d'inventer l'écriture.
ELOGE DE LA DIFFERENCE
Difficile pour le consommateur de comprendre ce qui différencie les vins dits bio de ceux en biodynamie, les vins nature des vins naturels. Et que dire des vins sans soufre ou plus justement sans sulfites ajoutés? Le vin est aujourd’hui devenu un produit de consommation, avec ses modes de cépages ou de bois neuf mais aussi avec toute la panoplie œno-pharmaceutique en vigne et en cave. L’agriculture dans son ensemble va mal et on le sait car la terre est à l’agonie. Elle étouffe sous les produits chimiques pour satisfaire quelques riches magnats désireux de s’enrichir toujours plus au détriment de notre planète. On fait de nos jours du vin comme on fabrique un produit de consommation de masse, stérile, mort, sans audace et sans âme. Bruxelles et les politiques cautionnent et aident ces groupes et multinationales, concourant à la destruction de notre terroir, de notre terre et à la destruction lente de notre goût.
LE BIO
La conscience bio et la consommation de produits issus de l’agriculture biologique et biodynamique ne cessent de croître, lentement mais sûrement. Inutile d’ignorer que derrière la mention bio on trouve de tout. Devenu artillerie lourde en marketing, le bio n’entre plus en contradiction avec rentabilité et volumes.
Il est ironique de penser que le bio soit devenu une mode alors que c’est tout simplement et logiquement un retour au produit naturel, brut, vivant et accompagné par l'homme qui élève son produit. Nos grands-parents et arrière-grands-parents ne connaissaient que les produits naturels et vivants du sol, ceux-là même que l'on appelle aujourd’hui bio. Ce n’est pas une mode que de manger ou boire bio, mais une nécessité pour tout et pour tous.
Le vin bio indique seulement que le raisin est cultivé en bio, point. Rien à voir avec sa vinification. Il faut savoir que la plupart des vins bio du commerce (supermarchés, grandes surfaces) sont produits en masse et vinifiés de manière conventionnel, soit: manipulés par un œnologue qui va à sa guise levurer, chaptaliser, filtrer, microbuller ou sulfiter à outrance. Ils fabriquent un vin comme on fabrique un bonbon à la fraise. On trouve par ailleurs beaucoup d’artisans qui font bon et qui respectent leur travail et leur vin. Vous les trouverez chez un caviste indépendant et passionné. Si vous voulez vraiment vous fier à un label, faites confiance à la rigueur au label Demeter (biodynamie), certainement le plus strict, pour la vigne.
LE VIN NATUREL
Le vin nature est un vin dont le raisin est cultivé dans le respect de l’agriculture biologique et/ou biodynamique, le vigneron est alors un accompagnateur du raisin, mais aussi des jus en cave. Le vin fait ses fermentations tranquillement, tout seul, en passant par des phases successives. Grâce au terroir, aux beaux raisins et au vigneron, jusqu’à s'élever, grandir et se structurer. Accompagné sans être brusqué à devenir vin. Un vin nature est libre dans le sens où l’on ne trouve pas ou presque pas d’entrants ou de sortants. C’est un produit qui vit tel un fromage au lait cru ou un pain au levain naturel !
On lui a laissé le don de s’exprimer, il peut révéler le meilleur ou le pire de lui-même. C’est la patience, la prise de risque, la maturité, et la connaissance du vin et de ses cycles, qui permettent à l’artisan-vigneron d’élaborer un vin libre, bon, et équilibré. Il est évidemment très difficile de faire des vins dits nature, et encore plus vivant (sans sulfites ajoutés) car cela demande un gros travail dans la vigne. Les rendements sont souvent bas et le retour aux sources de l’agriculture est nécessaire. Physique, éprouvant, mais précis et bénéfique à la plante. Et que dire de ce qui se passe en cave, où le vigneron est là à couver ses vins, à les voir évoluer, à les bichonner avec toujours la crainte qu’une barrique ne parte en vrille. Fort heureusement, on trouve de plus en plus de jeunes vignerons qui s’installent avec cette philosophie en tête, et le vin nature n’est plus seulement et simplement une mode à Paris dans les endroits branchés, à Tokyo, New York, Londres ou Copenhague. Il est bel et bien en train de prendre sa place dans le paysage du vin en France et dans le reste du monde. Il y a aujourd’hui indéniablement, même si cela reste marginal, un retour au goût vrai et authentique, une prise de conscience de ce que l’on ingurgite et de ses conséquences sur notre corps et l’environnement. Le vin nature est une réponse au bien boire.
L’AME DU VIN
Quelques irréductibles, considérés parfois comme des originaux, se font jusqu’au-boutistes dans leur logique du vin et se refusent catégoriquement à sulfiter, même à la mise en bouteille. Dans leur démarche de vin vivant, ils arrivent surtout à élaborer des nectars. Ils ne sont cependant pas les seuls, nombreux sont les vignerons nature à soufrer un minimum, voire pas du tout, sur certaines cuvées ou sur des essais pour le fameux "Vin des copains" à la maison. Cela exige un très haut niveau professionnel. Les vins ainsi produits sont fragiles, changeants, vivants, et doivent être gardés idéalement en cave à une température max. de 14°C. Contrairement à ce que les détracteurs du sans soufre affirment, ce vin se garde très bien, et si l’on respecte sa fragilité, on garde intacte son âme. C’est une autre culture. J’ai remarqué que la plupart des gens qui goûtent pour la première fois des vins nature ou vivants sont d’abord choqués. Puis ils goûtent à nouveau et s’interrogent. C’est là que l’importance de communiquer, d’expliquer, d’amener la personne dans ce monde bien particulier est essentielle. Pour donner corps au vigneron, à son travail et à son produit. Lorsque l’on goûte et comprend ces vins, l’on est totalement secoué et l’on remet en cause toute la vision bien établie du vin "classique", acquise depuis si longtemps. La majorité des gens qui découvrent ce monde ne pourront plus jamais apprécier un vin technique, lourd pour l’organisme, la tête, et notre santé. Souvent, ceux qui goûtent pour la première fois des vins libres me disent: "Mais on dirait du jus de raisin!" ou encore: "c’est rigolo, c’est fruité, cela pétille, on dirait du cidre". En effet, contrairement aux vins traditionnels, qui sont pour la plupart des infusions de SO2, de bois, et d’autres intrants encore moins recommandables, ce n’est QUE du raisin et fréquemment, le vin perle légèrement car le gaz carbonique qu’il contient aide à l’oxydation et le tient telle une colonne vertébrale.
L’EQUILIBRE
Ces vignerons du sans sulfites ajoutés sont très rares. Ils vivent de leur passion de faire bien et bon. La quête, le Graal du vigneron nature est l’équilibre. Quand l’équilibre est présent, c’est l’émotion garantie.
Avec la conviction profonde que l’on est ce que l’on mange et ce que l’on boit. N’oublions pas qu'ils font du vin à l’image du travail des moines et des paysans qui ont construit la réputation du vin français et la notion même de terroir.
illustrations de @plume